La célébration de l`anniversaire de La Reine à Madagascar 2019 : Le discours de Son Excellence Monsieur l’Ambassadeur, Dr Phil Boyle
L`ambassadeur Britanniques à Madagascar Dr Phil Boyle a fait un discours spécifique dans le cadre de la célébration du 93ième anniversaire de La Reine ainsi que pour mettre en évidence les apports du Royaume Uni pour conserver l`environnement de Madagascar.
Je suis ravi de vous accueillir tous à ma première célébration de la fête d’anniversaire de la reine Elizabeth à Madagascar.
La célébration de notre fête nationale qui aurait dû avoir lieu l’année dernière a malheureusement été annulée en raison de la crise politique. Je pense qu’il serait juste de dire que pendant cette période, la plupart d’entre nous étions pessimistes quant à l’engagement de Madagascar sur la voie de la démocratie et de la stabilité.
Cependant, une année fait toute la différence ! Les élections présidentielles, avec entre autres le soutien du Royaume-Uni, ont suscité un regain d’optimisme. Bien que Madagascar ait parcouru un chemin long et difficile, il semble qu’à l’heure actuelle, il existe une réelle possibilité de renouer avec la croissance économique, de réduire la pauvreté et de renforcer la protection de l’environnement unique de cette Île.
L’histoire entre nos deux iles est longue et profonde. Le tout premier traité diplomatique entre le roi Radama I et le Grande Bretagne fut signé il y a 202 ans. Peu après, les premiers missionnaires britanniques arrivèrent. Des écoles furent créées, la langue malgache fut transcrite, la Bible fut traduite et diverses technologies nouvelles furent introduites. Et en 1837, la reine Ranavalona Ière envoya ses émissaires à notre cour royale à Londres, dirigée par un certain M. Andriantsitohaina, ancêtre direct de l’actuel ministre des Affaires étrangères.
Dans l’esprit de ce long partenariat, aujourd’hui nous allons porter une attention particulière à la couleur verte du drapeau malgache avec le thème : « la conservation et la biodiversité » à Madagascar.
Nous savons que les défis sont considérables. Il est estimé que 90% des forêts primaires ont disparu et les 10% restants sont sérieusement menacés. Les célèbres lémuriens, les baobabs et les caméléons qui attirent les touristes sont menacés et, dans certains cas, sont en danger critique d’extinction. Des espèces disparaissent avant même qu’elles aient pu figurer dans la littérature scientifique. Par ailleurs, Madagascar risque d’être encore plus exposée aux effets du changement climatique que presque n’importe quel autre pays.
Il existe un lien direct entre nos actions présentes en tant que défenseurs de l’environnement et l’avenir de nos enfants. L’érosion des sols due à la déforestation diminue la production agricole. L’accumulation du limon dans les rivières et les lacs crée des zones humides mortes. La pollution de l’air – notamment à Tana – affecte notre santé et notre bien-être. Face aux menaces à la pureté de l’air, à la qualité de l’eau et la salubrité des aliments, l’heure est à l’action.
Je n’agis pas en donneur de leçons. Je connais une autre Île où presque toute la forêt primaire a disparu, où il y a des villages qui devront être déplacés face à l’élévation du niveau de la mer et où les écoles doivent parfois fermer à cause des niveaux de pollution élevés. Je parle de la Grande-Bretagne, mon pays.
Face à ces défis, le Royaume-Uni a l’ambition d’être parmi les leaders mondiaux en ce qui concerne la protection de l’environnement. Nous avons créé de vastes nouvelles zones de protection marines et avons initié le développement de la technologie éolienne. Nous nous sommes lancés dans la transition vers l’exploitation de sources d’énergie renouvelables. L’année dernière, nous avons accueilli la conférence internationale sur le Commerce Illégal d’espèces sauvages dont Madagascar souffre énormément. Et nous recueillons l’appui d’autres pays en vue d’accueillir la prochaine Conférence des Parties à la Convention-Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 26) en décembre 2020. J’espère que nous pourrons compter sur l’appui de Madagascar, M. le Ministre !
Le Royaume-Uni a depuis longtemps soutenu la conservation à Madagascar. Le célèbre réalisateur et défenseur de l’environnement, David Attenborough a débuté sa carrière à la BBC ici à Madagascar au début des années 60. Pour cela il a été élevé au rang de Chevalier de la Légion d’Honneur en 2017 et cette Résidence a été baptisée Attenborough House en hommage à son travail.
Il a inspiré plusieurs générations de défenseurs de l’environnement dont les ONGs britanniques auxquelles nous avons dédié l’évènement d’aujourd’hui: Kew Gardens, la Fondation Durrell, Blue Ventures, Seed Madagascar, Reef Doctor, Feedback Madagascar, the Wildfowl and Wetlands Trust et celles qui travaillent en partenariat avec des organisations britanniques comme Madagasikara Voakajy. Ces ONGs sont présentes aux quatre coins de Madagascar et travaillent avec les communautés au sein des zones protégées et de celles qui nécessitent d’être protégées. Je vous invite à visiter leurs stands pour en découvrir plus sur leur travail et sur l’extraordinaire écosystème dans lequel nous vivons.
Nous soutenons les plans ambitieux du gouvernement malgache pour protéger l’environnement, notamment à travers le reboisement. Nous soutenons déjà financièrement le projet de Blue Ventures qui vise à replanter des mangroves dans le sud-ouest et le nord-ouest de Madagascar. Nous espérons annoncer cette année, le financement par notre Ministère de l’Environnement, d’un programme important consacré aux zones protégées de Madagascar.
Avec notre programme de bourses Chevening nous offrons aux malgaches la possibilité d’étudier au Royaume-Uni, et je vois ici quelques-uns de ceux qui ont étudié les sciences de l’environnement et qui sont désireux de mettre leur connaissance et expérience au service de leur pays.
Dans le cadre du programmes Darwin Initiative et le Illegal Wildlife Trade Challenge Fund, le gouvernement britannique a financé des dizaines de projets dans les domaines de la lutte contre le commerce illégal d’espèces sauvages et la protection de la biodiversité.
Nous procèderons au recrutement d’un personnel en charge des projets liés à l’environnement. Des botanistes britanniques envisagent de fournir une assistance technique au Ministère de l’Environnement. Et je continuerai à user de mon influence pour soutenir les droits des défenseurs de l’environnement à Madagascar.
Il est important que nous mettions en pratique ce que nous prêchons. Visitez notre jardin plein des plantes endémiques, soigneusement installées par nos amis de Kew Gardens. Des gestes simples comme creuser un étang, favoriser la pousse de l’herbe et interdire l’utilisation d’insecticides, augmentent la biodiversité. Les matières organiques sont compostées et remises en terre. L’eau de pluie est conservée pour être utilisée tout au long de l’année. Nous avons des panneaux solaires. Et nous travaillons avec des organisations locales pour le recyclage de nos déchets.
Le plastique à usage unique constitue un véritable fléau pour nos cours d’eau et océans. Donc je vous annonce aujourd’hui que notre ambassade et notre résidence ne les utilisent plus. Pour la suite, nous éliminerons l’utilisation de l’huile de palme. Ce sont quelques gestes simples qui, je l’espère, nous permettront d’atteindre notre objectif ambitieux de devenir l’ambassade la plus écologique tant à Madagascar que dans le réseau des missions diplomatiques britanniques. Nous encourageons les entreprises et autres organisations représentées ici aujourd’hui à faire de même pour exercer un effet considérable et durable.
Néanmoins, nous comprenons qu’à Madagascar ou ailleurs, les immenses défis qui se posent sur le plan environnemental ne peuvent être relevés sans éliminer la pauvreté et promouvoir des moyens de subsistance alternatifs. La réduction de la pauvreté et la conservation constituent les deux faces d’une même médaille et les efforts de notre d’ambassade continueront d’être axés sur la lutte contre ces deux défis majeurs.
Donc je suis fier d’annoncer qu’en janvier 2020, notre Ministère en charge du Développement Durable (DFID) établira, pour la première fois depuis l’indépendance, une présence à Madagascar. D’importants nouveaux programmes à gestion centralisée seront développés cette année, axés sur la santé des femmes, l’éducation et la sécurité alimentaire. Ils viendront s’ajouter à l’appui que nous avons récemment octroyé pour lutter contre la rougeole à Madagascar.
M. le Ministre, nos deux Îles entretiennent depuis longtemps des relations amicales. Je crois que nous entrons maintenant dans une nouvelle phase dans laquelle un engagement concret et une collaboration encore plus étroite seront indispensables pour faire face aux défis communs du changement climatique et de la perte de biodiversité.
Vive le Royaume-Uni. Vive Madagascar. Vive l’amitié anglo-malgache.