Discours

Discours de la Première ministre à Cape Town : le 28 août 2018

La Première ministre Mme Theresa May parle de la création d'un nouveau partenariat entre le Royaume-Uni et l’Afrique, dans notre intérêt mutuel.

Cela a été publié dans le cadre du 2016 to 2019 May Conservative government
PM May

Bonjour à toutes et à tous et merci d’être venus aujourd’hui. Je suis ravie d’être à Cape Town, symbole de la transformation vécue par l’Afrique du Sud, ville dont le récent passé a une résonance toute particulière pour beaucoup d’habitants du monde entier.

Au large de la baie, l’île de Robben Island a longtemps servi de prison à une multitude d’infortunés, injustement incarcérés pour avoir rêvé d’un pays où droits et opportunités ne dépendraient pas de la couleur de la peau. Le plus connu étant bien entendu, Nelson Mandela. Alors qu’en début d’année le monde marquait le 100ème anniversaire de sa naissance, l’abbaye de Westminster inaugurait une plaque commémorative à la mémoire du grand homme. Ainsi figure-t-il, auprès des hommages aux rois et aux reines, aux poètes et scientifiques qui ont contribué au façonnement de l’histoire de ma nation, bénéficiaire posthume d’un témoignage de reconnaissance mérité de l’impact durable de sa vie sur le monde entier.

Pour Mandela, comme pour l’Afrique du Sud, le chemin de la liberté a été long et pénible. Cependant il y a 28 ans, à tout juste un mile d’ici au Cape Town City Hall, il prononçait son premier discours depuis sa libération, après plusieurs décennies passées derrière les barreaux.

Quatre ans plus tard sur l’esplanade de Grand Parade, le nouveau président élu de l’Afrique du Sud parlait de son élection non pas comme de la victoire d’un parti, mais de celle du peuple. Il rappelait le pouvoir de la démocratie, la nécessité de l’unité, de l’égalité, des droits universels.

Il évoquait le besoin de transformer la culture et les politiques de l’Afrique du Sud certes, mais aussi son économie. Il parlait de sa volonté de « faire passer l’Afrique du Sud de l’état de pays dans lequel la majorité vit quasiment sans espoir, à celui d’une nation où elle peut vivre et travailler dans la dignité, le respect de soi et la confiance en l’avenir… en construisant une vie meilleure propice aux opportunités, à la liberté et à la prospérité. » C’était une vision audacieuse, partagée non pas seulement par des millions de sud-africains, mais aussi par des centaines de millions de citoyens de la planète.

Par des gens comme Kofi Annan. Son trajet pour le moins surprenant des banlieues ghanéennes à un poste de leadership mondial, n’a rien à voir avec celui de Mandela. Et pourtant, tout comme votre ancien président, l’impact, l’influence et les valeurs d’Annan ont largement dépassé les frontières de sa patrie bien-aimée. Et comme pour Mandela le monde déplore son décès, mais peut néanmoins se réjouir de ce qu’il nous a laissé en héritage.

Le déroulement de la vie de ces deux grands hommes incarne les flux et reflux de l’histoire. Il montre ce qui peut être accompli au cours d’une vie. Mais aussi que le progrès ne doit jamais être pris pour acquis – la lutte pour la préservation de nos gains est un combat permanent.

Mandela est né en 1918, dans un monde au bord de la paix après le conflit qui, soi-disant, mettrait fin à toutes les guerres. Mais le jour de la naissance d’Annan, 20 petites années plus tard, ces rêves d’une paix durable s’évanouissaient une fois de plus, avec la perte de millions de vies dont beaucoup données par ce continent. C’est au lendemain de cette dévastation que les Nations unies, organisation dont Annan allait prendre la tête un demi-siècle plus tard étaient créées. Et malgré quelques ratés au départ, certaines erreurs en cours de route, les institutions mondiales et la coopération établies pendant ce laps de temps ont eu une incidence particulièrement positive sur le développement.

En même temps, les mouvements d’indépendance d’une génération de nations nouvelles redoublaient de ferveur. Des peuples du monde entier accédaient à l’autodétermination, rédigeaient de nouvelles constitutions et donnaient naissance à de nouveaux pays.

L’adoption des principes de l’économie de marché et du libre-échange, également accélérée par la fin de la guerre froide, agissait comme le catalyseur le plus puissant du progrès humain collectif de toute l’histoire de l’humanité. Dans les pays qui ont pu positivement adopter les économies de marché correctement réglementées, l’espérance de vie est en hausse. La mortalité infantile a diminué. L’indigence absolue a reculé et les revenus disponibles ont augmenté. Les voies d’accès à l’éducation se sont élargies et les taux d’illettrisme ont vertigineusement chuté. Des innovateurs ont développé les technologies qui ont transformé nos vies. Les progrès faits depuis un siècle sont remarquables. Les opportunités pour la prochaine génération le seront encore plus. Mais pour tenir cette promesse, nous devons être sensibles à de nouveaux défis.

En diminution évidente, les guerres et conflits d’État ont néanmoins été remplacés par de nouvelles menaces. Ces cinq dernières années, les terroristes ont fait près de 20 000 victimes en Afrique, du siège de 2013 au centre commercial Westgate de Nairobi, à l’horrible attentat au camion piégé de Mogadishu et aux attaques d’al-Quaeda en mars dernier, au Burkina Faso. En Europe comme en Afrique, des acteurs non étatiques menacent nos vies et radicalisent nos peuples.

Et aujourd’hui, l’activité des états malveillants s’accélère ; des cyberattaques contre les infrastructures et institutions nationales, au recours aux armes chimiques dans les rues du Royaume-Uni et en Syrie. Porteurs d’avantages considérables, le libre-échange et la mondialisation n’ont toutefois pas été vécus universellement. Un trop grand nombre de nos citoyens craignent d’être abandonnés. De la grande crise financière de 2008 à l’avènement de l’intelligence artificielle remplaçant la main-d’œuvre humaine, les gens appréhendent avec perplexité le modèle de développement économique que nous cherchons à défendre. Face à des questions aussi troublantes, les gouvernements nouveaux et anciens voient remise en cause leur capacité à trouver des réponses.

Pour certains, il s’agirait de chercher à interrompre ou inverser le changement en sapant les institutions prônant la coopération internationale, rétablissant les barrières commerciales, tant ils considèrent que la concurrence mondiale est un jeu à somme nulle.

Je ne suis pas d’accord.

Parce que ces difficultés ne touchent pas qu’une seule Nation.

L’idéologie dont émanent de vicieux attentats terroristes ne respecte aucune frontière. Un attentat à l’arme chimique ne fait pas seulement du tort à ses victimes. Il affaiblit également les règles qui nous protègent contre ce genre de comportements. Dans un monde plus connecté, nous sommes tous obligés de traiter les conséquences, pour le meilleur et pour le pire, d’une mobilité accrue. Et pas seulement des personnes sous l’effet des flux migratoires, mais aussi de l’argent, des données, des idéologies. Nous devrions également reconnaître que la concurrence et la coopération ne sont pas antagonistes. Elles peuvent au contraire se renforcer mutuellement. L’heure est donc venue pour les nations de se rassembler. De coopérer. De considérer la concurrence internationale comme un processus porteur d’avantages pour chaque partie prenante. De travailler comme partenaires en partageant leurs compétences, leur expérience et leurs ressources pour relever les défis auxquels elles sont confrontées, contenir et diriger les forces qui façonnent le monde et pour assurer la prospérité, la sécurité et le succès de tous leurs citoyens.

Cette semaine, je me rendrai dans trois pays, nommément l’Afrique du Sud, le Nigeria et le Kenya, que je considère comme des partenaires clés pour atteindre cet objectif. Avec leurs démocraties florissantes, leurs liens internationaux solides notamment à travers le Commonwealth, leurs économies en évolution rapide, ces pays sont typiques de l’Afrique du 21ème siècle. Une Afrique très différente des stéréotypes qui ont dominé les siècles précédents, mais auxquels certains croient néanmoins encore aujourd’hui. En 2018, cinq des économies les plus dynamiques au monde sont africaines. Le PIB du continent pourrait facilement doubler entre 2015 et 2030. D’ici à 2050, un quart de la population du monde entier et un quart des consommateurs de la planète vivront ici.

Les rapports de stabilité accrue, de croissance, d’innovation et d’espoir font leur chemin, du Cap-Occidental à la Méditerranée.

Longtemps assombrie par le fléau de l’apartheid, l’Afrique du Sud actuelle est libre, démocratique et abrite l’une des plus grandes économies du continent.

Les soldats de la paix de l’ONU ont quitté la Côte d’Ivoire, dont le PIB augmente trois fois plus vite que celui de l’Europe.

Et l’Éthiopie, pays que toute une génération de britanniques n’associait souvent qu’au spectre de la famine, s’industrialise rapidement, créant un nombre impressionnant d’emplois et s’établissant parmi les destinations internationales pour l’investissement.

Pourtant, conformément à ce que connaissent aussi des nations du monde entier, le progrès n’a pas été uniforme.

Parallèlement aux démocraties émergentes et aux économies dynamiques, le continent africain abrite la plupart des États fragiles et un quart des populations déplacées de la planète.

Des groupes d’extrémistes comme Boko Haram et al-Shabab y font des milliers de morts. L’économie océanique de l’Afrique, qui représente trois fois la superficie de ses terres émergées, est menacée par les déchets plastiques et autres polluants.

La plupart des habitants de la planète les plus pauvres sont africains. Aux richesses croissantes s’associe une inégalité croissante également, aussi bien au sein des nations qu’entre elles. À titre d’exemple la majeure partie du Nigeria s’épanouit. Un grand nombre de ses habitants profitent des fruits d’une économie résurgente. Et pourtant, 87 millions de Nigérians vivant avec moins de 1,90 USD par jour, en font le détenteur du record mondial du nombre d’habitants indigents tous pays confondus.

Parvenir non seulement à la croissance, mais à la croissance inclusive est un défi auquel sont confrontés les gouvernements du Royaume-Uni, d’Europe, d’Amérique du Nord et au-delà. Et au fur et à mesure de la consolidation des économies africaines, cette problématique se dessine aussi sur ce continent. Parce qu’au fil des années à venir, l’évolution démographique lui apportera d’autres défis et opportunités économiques. Avant d’arriver ici ce matin, j’ai visité l’établissement d’enseignement secondaire I.D. Mkize, à Gugulethu. J’y ai rencontré de vraies sources d’inspiration, des adolescents pleins d’idées, d’enthousiasme quant à leur propre avenir et plein de fierté aussi, vis-à-vis de l’avenir de leur pays, de leur continent.

Cette manière de penser, ils la partagent avec une multitude d’africains dont 60% ont moins de 25 ans. Une population aussi jeune représente un capital humain et un potentiel extraordinaires. Innovants, dynamiques et créatifs, les jeunes africains peuvent potentiellement enrichir non seulement le continent, mais aussi l’économie mondiale et la société au sens le plus large.

Mais pour maximiser le potentiel de cette promesse, elle devra être correctement cultivée. D’ici à 2035, les nations africaines devront créer, chaque année, 18 millions de nouveaux emplois rien que pour tenir le rythme d’une population en pleine croissance. C’est l’équivalent de près de 50 000 nouveaux postes par jour, rien que pour maintenir l’emploi à son taux actuel.

C’est un défi énorme pour n’importe quel continent et en particulier, pour un continent dont la croissance est encore fragile et où le développement des marchés est une affaire en cours.

Il nous rappelle également le besoin de redoubler nos efforts, pour veiller à ce que les forces qui façonnent notre monde puissent assurer l’avenir de tous nos peuples. Parce que l’Afrique n’est pas la seule à devoir relever ces défis. Le monde a tout intérêt à ce que ces emplois soient créés, pour traiter les causes et les symptômes de l’extrémisme et de l’instabilité, les flux migratoires et encourager la croissance propre.

Faute de quoi, les impacts économiques et environnementaux se répercuteront très vite aux quatre coins de notre monde en réseau, connecté. Même chose pour les impacts humains, de la perte de confiance en l’économie de marché et en la démocratie, comme étant les meilleurs vecteurs de la croissance mondiale et des droits de l’Homme, à l’intensification des conflits et à la sensibilité accrue au discours extrémiste.

C’est pourquoi je souhaite créer un nouveau partenariat entre le Royaume-Uni et nos amis africains. Un partenariat construit sur la prospérité et la sécurité partagées.

En tant que Première ministre d’une nation commerciale dont le succès dépend des marchés internationaux, j’aimerais voir des économies africaines robustes avec lesquelles les entreprises britanniques peuvent faire des affaires, librement et équitablement. Qu’il s’agisse de créer de nouveaux clients pour les exportateurs ou des opportunités à saisir par les investisseurs britanniques, notre économie mondiale intégrée fait des économies africaines saines une option très prometteuse pour les peuples de Grande-Bretagne et d’Afrique.

C’est pourquoi je suis ravie d’annoncer que nous confirmerons, aujourd’hui, nos projets de reconduire l’Accord de partenariat économique de l’Union européenne avec l’Union douanière d’Afrique australe et le Mozambique, quand l’accord de l’Union européenne ne concernera plus le Royaume-Uni.

En tant que Première ministre convaincue du bien-fondé de l’économie de marché et de la nécessité, pour les nations et les entreprises, d’agir en adéquation avec des règles et principes de conduite fermement établis, je souhaite montrer aux jeunes africains que leur avenir le plus brillant dépend d’un secteur privé à la fois libre et florissant. Un secteur dynamisé et étayé par la transparence, des normes exigeantes, la primauté du droit et l’équité. Seules ces circonstances permettront de récompenser l’innovation à sa juste valeur, de maximiser le vrai potentiel des citoyens, de fournir à nos sociétés les opportunités dont elles souhaitent bénéficier, dont elles ont besoin et qu’elles méritent.

Et en ma qualité de Première ministre d’une nation mondiale, je sais pertinemment combien notre sécurité nationale dépend de la stabilité du monde entier et non pas seulement de notre voisinage immédiat. De la réduction des moteurs de migration illégale au refus d’abriter les terroristes susceptibles de frapper nos territoires, en 2018, la sécurité africaine et britannique sont indissociables l’une de l’autre et interdépendantes. C’est l’une des raisons pour lesquelles je continue de demander la présence permanente de l’Afrique au Conseil de sécurité des Nations unies.

Ma proposition n’est donc pas tout à fait dénuée de tout intérêt national. Je souhaite faire au mieux pour mon pays, tout comme le Président Ramaphosa souhaite faire au mieux pour l’Afrique du Sud. Je ne vois aucune différence entre l’intérêt national et la coopération internationale. Après tout quand les systèmes multilatéraux fonctionnent, ils le font au nom des États-nations et de nos peuples, en nous permettant d’exploiter le meilleur de nos attributs, en empêchant que les grands dominent les petits, en renforçant l’équité, la transparence et la primauté du droit.

Il ne s’agit pas d’intensifier notre influence géopolitique ou de créer des relations obliques de dépendance. Il s’agit pour le Royaume-Uni de chercher à coopérer plus étroitement avec une Afrique composée de plus de 50 nations, pour concrétiser notre sécurité et notre prospérité partagées et au final, renforcer un système mondial capable d’apporter des avantages durables, universels.

La création d’emplois doit figurer au cœur même de ce partenariat. Tous les dirigeants africains que je rencontre considèrent l’emploi comme la préoccupation prioritaire de leurs citoyens, comme leur priorité politique primordiale. Il occupe une place tout aussi essentielle dans mon propre programme pour le Royaume-Uni. Le secteur privé, qui transforme les marchés du travail, ouvre des opportunités et libère l’esprit d’entreprise, est essentiel pour dynamiser la croissance nécessaire à leur création. Et justement, le Royaume-Uni dispose des entreprises capables d’investir dans le commerce avec l’Afrique.

Toutefois et pour diverses raisons, le secteur privé n’est pas encore parvenu à fournir les emplois et investissements dont ont besoin un grand nombre de nations africaines.

Je veux par conséquent mettre notre budget de développement et notre expertise au cœur de notre partenariat, dans le cadre d’une nouvelle approche ambitieuse. Je veux l’utiliser pour étayer l’établissement et la croissance du secteur privé.

Et je suis en mesure, dès aujourd’hui, d’annoncer une nouvelle ambition. À l’horizon 2022, je veux que le Royaume-Uni soit le numéro 1 des investisseurs du G7 en Afrique, que les entreprises du secteur privé britannique prennent la tête de l’investissement des milliards grâce auxquels les économies d’Afrique engendreront des trillions.

Nous disposons des outils pour le faire. Gérant plus de huit trillions GBP d’actifs, la City of London fait du Royaume-Uni la plaque tournante mondiale et incontournable des investissements internationaux. Nous développons les sciences et technologies de pointe, des moyens de défense, diplomatiques et de développement de référence mondiale. Nous sommes un partenaire crédible et digne de confiance. Notre système juridique sans égal inclut notamment des lois anticorruption figurant parmi les plus strictes au monde. Et si nos sociétés manquent à leurs obligations, nos tribunaux se chargent si nécessaire, de leur faire rendre des comptes. Notre engagement vis-à-vis des échanges libres et ouverts dépendant de l’ordre fondé sur les règles, garantit à nos partenaires internationaux un traitement équitable.

Par conséquent, l’un des aspects moteurs de notre programme de développement consistera à veiller à ce que les gouvernements africains disposent de l’environnement, des connaissances, des institutions et de l’appui nécessaires pour attirer des investissement durables, à long terme, dans l’avenir de l’Afrique et des africains. Et afin d’amorcer la venue de ces investissements, je suis en mesure de vous annoncer, aujourd’hui, le déblocage d’un programme de quatre milliards GBP supplémentaires dans les économies africaines, que suivront au moins quatre autres milliards GBP provenant du secteur privé.

Cette enveloppe inclut, pour la première fois, l’ambition de l’organisme national de financement du développement du gouvernement britannique, le CDC, d’investir 3,5 milliards GBP dans les nations africaines au cours des quatre prochaines années. Par ailleurs l’an prochain, Londres accueillera un Sommet de l’investissement pour l’Afrique, dans le but d’aider les investisseurs et gouvernements africains à consolider leurs alliances.

Et comme les marchés, les économies ont autant besoin de ressources humaines que de capitaux, nous partagerons également notre expertise, en soutenant les pays partenaires dans le développement de leurs milieux et institutions d’affaires, leur intégration dans les chaînes de valeurs mondiales, la création de liens avec les investisseurs et le traitement des entraves à la croissance.

Dans cette optique, nous intensifierons radicalement la présence en Afrique du Royaume-Uni, en ouvrant de nouvelles missions et en apportant des experts du commerce, des spécialistes de l’investissement et d’autres spécialistes des politiques.

Nous continuerons d’investir dans les ressources humaines qui étayent la prospérité future, en veillant à ce que les jeunes africaines et les jeunes africains puissent accéder à un enseignement de qualité, aux services de santé et aux moyens d’acquisition des compétences dont ils ont besoin pour réaliser pleinement leur potentiel. Nous utiliserons notre influence et notre position sur la scène mondiale, pour encourager d’autres nations développées et les institutions dont le Royaume-Uni est membre principal, à adopter la même approche. L’efficacité du programme de développement du Royaume-Uni, se distingue par sa capacité de faire une proposition qui va bien au-delà d’une simple offre de financement par le gouvernement.

L’aide fait partie des éléments cruciaux de l’équation, mais elle s’accompagne de notre capacité de tirer parti de sommes considérables du secteur privé, provenant de nos marchés des capitaux. De nos services professionnels de référence mondiale. De notre expertise incomparable dans les domaines des services financiers et de l’éducation. De notre investissement dans les sciences et la recherche, de l’expérience d’entreprises figurant parmi les plus innovantes de la planète.

Le tout étayé par notre système juridique, nos normes réglementaires et nos valeurs respectés : les investisseurs britanniques adhèrent aux pratiques éthiques, au droit local, contribuent aux économies locales et construisent des capacités à long terme sur place.

Bien que nous ne soyons pas en mesure de rivaliser avec la puissance économique de certains gouvernements étrangers qui investissent en Afrique, nous vous proposons un investissement à long terme de la plus grande qualité, de la plus grande envergure. Un programme qui apportera davantage aux africains et pendant plus longtemps. Un programme dont la réalisation dépend essentiellement de la coopération entre le gouvernement et le secteur privé.

En même temps, la sécurité et son corollaire, la stabilité, sont essentielles pour attirer les investisseurs et concrétiser la croissance. C’est pourquoi nous devons aussi cibler notre assistance au développement, pour construire cette stabilité et traiter les causes de la fragilité.

À l’horizon 2030, 80 % des populations extrêmement pauvres du monde vivront dans un État fragile. Des poches de fragilité subsistent même dans les pays considérés comme étant relativement stables et prospères. Le Royaume-Uni soutient déjà les gouvernements africains qui font front à cette situation. Les troupes nigérianes en première ligne contre Boko Haram ont été formées par des spécialistes britanniques. Au Mali, les opérations antiterroristes sont soutenues par des hélicoptères Chinook britanniques. Au Kenya, les troupes britanniques ont entraîné les soldats de la paix de l’Union africaine en partance pour la Somalie, tout en travaillant simultanément avec des partenaires internationaux afin de reformer les forces de sécurité somaliennes pour le long terme. Les forces de l’ordre du Royaume-Uni travaillent en étroite collaboration avec leurs homologues de toute l’Afrique, pour traiter la menace déstabilisatrice que représente le crime organisé, des trafiquants d’êtres humains aux trafiquants de drogues.

Cela étant, la réponse aux enjeux de la sécurité n’est ni seulement militaire ni uniquement opérationnelle. Elle est aussi politique. Le nouveau partenariat que je vous propose aujourd’hui exige de travailler avec les leaders africains moteurs du progrès, qui relèvent les défis politiques et traitent les intérêts particuliers, pour veiller à ce que les avantages profitent à tous leurs citoyens. Il implique la construction d’institutions solides et de favoriser l’établissement de la confiance entre ces institutions et ceux qu’elles gouvernent.

Parce qu’au final, les avantages que je viens de vous décrire découlent tous de ces institutions, composantes des États-nations. Sans la stabilité, sans la certitude que procurent entre autres les systèmes juridiques fiables, les contrats exécutoires et les normes reconnues, les entreprises du secteur privé responsables sont dans l’impossibilité d’investir à long terme. Les économies sont dans celle de créer un nombre suffisant d’emplois qualifiés. Quant à la croissance, elle ne peut pas être juste et inclusive si les marchés, nationaux ou internationaux, ne sont pas régis par des règles transparentes et efficaces, activement mises en application. C’est une considération particulièrement importante par rapport à la lutte contre la corruption et l’argent sale, dont tous deux ont la capacité de dévier de sa trajectoire le développement, en compromettant la primauté du droit et en détournant l’argent de l’économie. C’est la raison pour laquelle dans quelques jours, le Royaume-Uni signera un nouvel accord visant à rapatrier les sommes colossales d’argent illégalement sorties du Kenya, pour qu’elles soient restituées à leurs propriétaires légitimes et investies dans l’avenir de leur pays.

Il nous appartient également de soutenir les efforts faits par les gouvernements pour veiller à ce que le développement ne soit pas freiné par d’autres menaces. Il s’agit notamment d’augmenter radicalement la résilience au changement climatique, de traiter les défis démographiques par l’autonomisation des femmes et des filles en leur donnant accès à la planification volontaire moderne, à l’éducation et aux moyens d’acquérir des compétences.

En exposant ce nouveau partenariat avec l’Afrique, j’émets une proposition plus générale quant à la manière dont nous utiliserons notre aide au développement dans le monde entier, sous la direction de mon excellente Ministre du développement international, Penny Mordaunt.

Dans le contexte de cette réorientation de notre programme de développement, je tiens à être claire. L’aide étrangère est efficace. Depuis 2015, l’aide internationale du Royaume-Uni a permis d’immuniser plus de 37 millions d’enfants et ainsi, de sauver plus de 600 000 vies. Nous avons aidé à scolariser près de 11,5 millions de jeunes et permis à plus de 40 millions de personnes d’accéder à de l’eau potable ou à un service d’assainissement adéquat. Alors que je vous parle aujourd’hui, des citoyens de la République démocratique du Congo reçoivent un vaccin développé avec l’aide du Royaume-Uni, contre la maladie du virus Ebola. Le rôle que joue le Royaume-Uni en matière de développement international est un domaine dont je suis immensément fière et qui, à mon avis, devrait susciter la fierté de la nation entière. Nous continuerons de figurer parmi les chefs de file mondiaux dans les domaines des dépenses d’aide, des secours humanitaires et du développement international. Nous maintiendrons notre engagement de consacrer 0,7 % du revenu national brut à l’aide officielle au développement. Et nous ne flancherons pas par rapport aux efforts pour atteindre les objectifs de développement durable.

Mais j’admets également et sans la moindre honte, le besoin de faire en sorte que notre programme d’aide soit aussi bénéfique pour le Royaume-Uni. C’est pourquoi aujourd’hui, je m’engage à ce que non seulement nos dépenses en développement luttent contre la misère, mais aussi et en même temps, à ce qu’elles traitent les défis mondiaux et servent également notre intérêt national. Nous veillerons ainsi à ce que nos investissements dans le domaine de l’aide nous servent à tous, à ce qu’ils s’alignent parfaitement sur nos priorités nationales plus générales en matière de sécurité.

Dans la pratique, il s’agira donc d’aider les marchés frontaliers en pleine croissance, comme la Côte d’Ivoire et le Sénégal, à maintenir leurs progrès en matière de développement et à créer des opportunités pour les investisseurs, y compris pour les entreprises britanniques.

Il s’agira également de soutenir les pays et sociétés aux premières lignes de l’instabilité, toutes formes confondues. Nous investirons donc davantage dans des pays comme le Mali, le Tchad et le Niger qui luttent contre le terrorisme au Sahel, notamment en ouvrant de nouvelles ambassades au Niger, au Tchad et en renforçant considérablement notre présence au Mali.

Nous ferons davantage avec des pays comme la Jordanie, confrontée à la menace que pose la dispersion de Daesh et le fardeau du conflit tragique à sa frontière avec la Syrie, mais aussi pour renforcer les démocraties confrontées aux menaces d’acteurs étatiques, comme nous l’avons récemment fait par le biais de notre sommet des Balkans occidentaux.

Nous utiliserons notre programme d’aide pour soutenir des mesures de répression majeures des financements illicites et du crime organisé, en déployant notre expertise dans des centres financiers du monde entier et en intensifiant notre travail avec les forces de l’ordre, pour restituer une plus grande partie des milliards de dollars subtilisés en Afrique et ailleurs.

Nous multiplierons les ressources investies dans la lutte contre la migration illégale, l’esclavage moderne et le trafic d’êtres humains.

Ces nouvelles priorités représenteront une réorientation stratégique fondamentale de la manière dont nous utilisons notre programme d’aide, plaçant le développement au cœur même de notre ordre du jour international, pas seulement en protégeant et en aidant les plus vulnérables, mais aussi en renforçant les capacités des États menacés, en façonnant une économie mondiale porteuse pour tous et en construisant la coopération à l’échelle mondiale, dans une optique de défense du système fondé sur des règles.

Nous utiliserons nos prochains plans de dépenses pour exposer plus précisément ces propositions. Les vrais partenariats ne dépendent pas de ce que fait une partie pour une autre, mais de la coopération réciproque et responsable des États, gouvernements, entreprises et personnes physiques, engagés pour atteindre des objectifs communs.

La concrétisation d’une telle réussite à long terme ne sera ni instantanée ni facile. Mais je suis engagée envers l’Afrique et prête à utiliser tous les leviers du gouvernement britannique pour soutenir les partenariats, les idées susceptibles de profiter aux générations futures.

S’adressant aux foules à Cape Town en 1994, le Président Mandela leur a parlé non seulement de l’immense défi auquel l’Afrique du Sud était confrontée, mais aussi de sa certitude que le peuple de ce pays parviendrait à le relever.

Aujourd’hui, alors que le monde traverse une autre période de grandes incertitudes, je suis sûre que tous nos peuples sont capables de se montrer à la hauteur de l’enjeu. Sûre qu’ensemble, nous saurons faire pencher la balance du changement, contre le défi et en faveur de l’opportunité. Sûre qu’en tant qu’amis, que partenaires et qu’égaux, nous parviendrons à assurer un avenir plus prospère à tous nos citoyens.

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Publié le 28 août 2018
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